mardi 17 novembre 2015

Massacre du 13 novembre: les "failles dans le renseignement" commencent à apparaître


Comme après chaque attentat islamiste réussi, le massacre du 13 novembre va relancer la polémique sur "la faille" dans les systèmes antiterroristes français et européens. Et cette fois, comme les précédentes, il semble que les dysfonctionnements se soient accumulés.

En l'état actuel de l'enquête, le plus grave semble être le cas de Samy Amimour: ce Français de 28 ans, soupçonné de vouloir partir pour le Yémen, est mis en examen en octobre 2012 pour "association de malfaiteurs terroristes", placé sous contrôle judiciaire. Ce qui ne l'empêche pas de rejoindre, un an plus tard, la "terre de jihad" syrienne.

Cela provoque l'émission d'un mandat d'arrêt international. Malgré cela, il parvient à rentrer en France incognito pour participer, vendredi soir à Paris, au pire attentat jamais commis en France.
"On a un souci de contrôle aux frontières Schengen, et un gros", assure à l'AFP Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité à la DGSE. "Son arrivée aurait dû provoquer la levée d'un drapeau rouge. Mais ces gars maîtrisent bien les techniques d'entrée et de sortie de Schengen, pour l'avoir beaucoup pratiqué".

"S'il a pris soin de ne pas rentrer par une frontière française, personne ne l'a vu. S'il rentre par la Belgique, par exemple par un vol low-cost à Charleroi... Allez-y à Charleroi, vous verrez les contrôles", ajoute-t-il.

Autre problème, un autre tireur du Bataclan, Omar Ismaïl Mostefaï, avait d'une part attiré dès 2010 l'attention des services français, qui avaient émis à son encontre une fiche S ("sûreté de l’État"), et d'autre part avait été, selon Ankara, signalé deux fois à Paris pour son appartenance à la mouvance jihadiste.

La police turque "a informé la police française en décembre 2014 et janvier 2015" à son propos (il était entré sur le territoire turc en 2013, pour ensuite certainement rallier la Syrie), et "nous n'avons jamais eu de retour de la France", a affirmé lundi à l'AFP un responsable turc.

Par ailleurs d'autres membres du commando, installés en Belgique, étaient connus de la police belge. "Vous comprendrez bien que si les Belges ne nous préviennent pas, ici on ne peut rien faire", confiait lundi à l'AFP une source policière.

'Ça m'empêche de dormir'

Ces faisceaux d'indices, ces signalements, ce mandat d'arrêt international auraient dû constituer les points d'un schéma qui, en les reliant, auraient pû conduire les enquêteurs, en France ou en Belgique, à passer à l'action contre cette cellule avant qu'elle n'ensanglante Paris.

"Il y a trois hypothèses", explique à l'AFP un ancien spécialiste du contre-terrorisme à la DGSE, sous couvert d'anonymat. "Soit personne n'a rien vu, et c'est un gros souci; soit on a vu des trucs et on ne les a pas compris, ce qui est aussi un problème; soit on a vu des trucs et malgré tout l'équipe a pu passer à l'action."


"On a peut-être raté la phase de préparation terminale, celle où les types disparaissent dans la nature. Dans les trois cas, c'est très embêtant. Ça veut dire qu'on a soit un problème de renseignement, soit d'analyse du renseignement soit de chaîne de commandement dans les services. C'est accru par le fait que ça se passe en partie en Belgique", ajoute-t-il.

"Pour le renseignement anti-jihadiste, la Belgique est sous bouclier français. Et il faut bien le dire, alors qu'ils ont la plus grosse proportion de départs en Syrie des pays occidentaux, les Belges ne sont pas au niveau (...). Dans cette équipe beaucoup de mecs sont connus à Bruxelles, quelqu'un s'est manifestement planté."

Submergés par le nombre de jihadistes rentrant de Syrie et d'Irak, auxquels ils doivent ajouter les anciens des filières afghanes ou irakiennes, qui parfois reprennent du service, les services spécialisés sont contraints d'établir des listes de noms, par ordre décroissant de dangerosité présumée.
"Ça m'empêche de dormir la nuit", confiait récemment un des responsables de l'antiterrorisme en France. "Avoir les bons noms à la bonne place. Nous sommes très loin d'une science exacte."
"Par définition s'il y a eu un attentat, c'est qu'il y a eu un problème, conclut Alain Chouet. "Mais bon, on ne reproche pas les feux de forêts aux pompiers... Si vous mettez un pompier tous les cinq mètres dans les forêts de France, vous n'aurez plus de feux de forêts..."


13 commentaires:

Je a dit…

«La loi du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence prévoit en particulier deux mesures exceptionnelles, l'assignation à résidence et les perquisitions administratives, qui offrent des moyens utiles pour prévenir la commission de nouveaux actes terroristes. Je veux leur donner immédiatement toute leur portée et les consolider. Il sera donc proposé au Parlement d'adopter un régime juridique complet pour chacune de ces dispositions», a développé François Hollande, qui a décrété l'état d'urgence dans les heures suivant les attentats de vendredi

Je a dit…

Révision de la Constitution.

Le président de la République a exprimé son souhait de «faire évoluer (la) Constitution pour permettre aux pouvoirs publics d'agir, conformément à l'état de droit, contre le terrorisme de guerre». Selon le président, l'article 16, qui régit les conditions d'attribution des pouvoirs exceptionnels au président, et l'article 36, qui porte sur l'état de siège, ne sont «pas adaptés à la situation que nous rencontrons». La Constitution doit, selon lui, offrir un «outil approprié pour fonder la prise de mesures exceptionnelles pour une certaine durée sans recourir à l'état d'urgence et sans compromettre l'exercice des libertés publiques».

Je a dit…

On se demande comment des mesures exceptionnelles de sécurité ne changeraient rien aux libertés individuelles ... Si on ne change rien, ça ne change rien. Non ?

Je a dit…

Intensification des opérations en Syrie.

Le chef de l'Etat a annoncé que la France allait «intensifier ses opérations en Syrie», après des raids intervenus dimanche soir sur le fief du groupe Etat islamique (EI) à Raqa. D'ici une réunion prochaine du Conseil de sécurité de l'ONU sur le terrorisme, «nous poursuivrons ces frappes au cours des semaines à venir».

«Le porte-avions Charles de Gaulle appareillera jeudi, pour se rendre en Méditerranée orientale, ce qui triplera nos capacités d'action. Il n'y aura aucun répit ni aucune trêve», a-t-il martelé. «Hier soir (dimanche soir. ndlr), j'ai donné l'ordre à dix chasseurs-bombardiers français de larguer leurs bombes sur le fief de Daech à Raqa, ils ont détruit un centre de commandement et un camp d'entraînement», a-t-il rappelé. François Hollande a adressé «toutes ses félicitations aux pilotes français, qui ont réussi cette mission», et a remercié «nos alliés américains, qui ont utilement prêté leur concours à cette opération.»

Je a dit…

On se demande bien ce que l'armée française faisait là-bas, en Syrie, depuis le mois de janvier et les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher ...

Les positions des terroristes étaient connues !? Mais pourquoi ne pas avoir bombardé ?

Quelque chose m'échappe ...

Je a dit…

De même que les terroristes potentiels en France sont connus et ils continuent à se balader d'un pays à l'autre sans difficultés !

C'est incroyablement nul comme efficacité ! Il y a forcément des lois qui brident les services de police et de gendarmerie. Sinon, c'est impossible d'être aussi inefficace !!!

Je a dit…

Renforcement police-justice.

Le président de la République a annoncé la création de 5 000 emplois dans la police et la gendarmerie d’ici deux ans, soit un total de 10 000 créations durant le quinquennat. La justice disposera de son côté de 2 500 postes supplémentaires pour l’administration pénitentiaire, ainsi que pour les services judiciaires, et les douanes de 1 000 postes de plus.

« Ces créations bénéficieront aux services de lutte contre le terrorisme, à la police aux frontières et à la sécurisation générale du pays. Elles s'accompagneront des moyens d'équipement et d'investissement nécessaires à l'accomplissement des missions de ces forces », a déclaré François Hollande.

Je a dit…

Déjà, que la police et la justice n'aillent pas l'une contre l'autre ! On dirait que la police c'est le papa qui veut punir et que la justice c'est la maman qui veut pardonner. Avec ça, avec des parents divorcés qui disent des choses opposées, on obtient des adolescents sans repère, manipulateurs, dangereux pour la société.

Je a dit…

Et puis, il faudrait que les prisons redeviennent des prisons, tout simplement ! Pas des centres d'hébergement avec télévision satellite, bonne bouffe et activités sportives de loisir.

Je a dit…

Plus de moyens pour la Défense.

Le chef d’Etat Français envisage aussi la création d’une « garde nationale » formée de réservistes : « Les réservistes sont un élément fort du lien entre l’armée et la nation. » Il a aussi annoncé « qu’il n’y aurait aucune réduction d’effectifs dans la Défense jusqu’en en 2019. » « Ces décisions budgétaires se traduiront par un surcroît de dépenses que j’assume », a indiqué le président. « Dans ces circonstances, je considère que le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité. »

Je a dit…

Rappelons simplement que la France a le troisième plus gros budget militaire du monde derrière les Etats-Unis (qui dépensent 10 fois plus que nous) et la Chine (qui dépense deux fois plus que nous). Nous dépensons à peu près comme le Royaume-Uni (4ème) et plus que la Russie (5ème) !

Je ne pense absolument pas que nous manquons de moyens. Je pense que nous n'utilisons pas correctement nos moyens. Surtout en ce qui concerne les renseignements.

Je rappelle que les Etats-Unis espionnaient (et continuent sans doute à espionner) les téléphones personnels d'Angela Merkel et de François Hollande !!!

Je a dit…

Ne me dites pas qu'ils ne peuvent pas dézinguer un minable chef de guerre au fin fond de la Syrie, un bandit de grand chemin ! Je n'y crois pas une seconde !

Je a dit…

Wladimir Poutine a ironisé à mon avis en proposant l'arme nucléaire pour éradiquer "Daesh" ... Euh, il a bien dit ça en rigolant, non ? Non, ce n'est pas à cause des populations civiles que je m'inquiète; c'est qu'il y a du pétrole là-bas ! Euh, là, j'ironise.