Paneuropa
En octobre 1923, le comte Richard Coudenhove-Kalergi propose le premier projet moderne d'une Europe unie dans son livre Paneuropa, ouvrage prophétique et mobilisateur (édité en français en 1927, 2e édition, 1988 et 3e en 1997). Pour Nicklaus Richard de Coudenhove-Kalergi, face au risque d’autodestruction que ferait courir une nouvelle guerre mondiale nécessairement plus destructrice que la Grande Guerre et face à la concurrence américaine et surtout au danger russe, l’Europe n’a d’autre choix que de s’unir.
Idéalisme pratique
En 1925, dans son livre Idéalisme pratique (Praktischer Idealismus)8, qui parle notamment de la façon de garantir la paix en Europe, et de la façon dont la science peut améliorer la condition humaine, il imagine le métissage des peuples européens du futur. Il écrit : « La race du futur, négroïdo-eurasienne, d’apparence semblable à celle de l'Égypte ancienne, remplacera la multiplicité des peuples par une multiplicité des personnalités. »9.
Kalergi essentialise les individus en deux catégories opposés (l'humain de la ville et l'humain des campagnes). Il en attribue des personnalités et des traits de caractères psychologiques, l'humain rustique serait émotionnel, croyant, superstitieux, et conservateur, comme la nature ; tandis que l'humain citadin serait rationnel, sceptique, incroyant et progressiste, comme la société. Il affirme également que « l'humain rustique est majoritairement un produit de la consanguinité, l'humain urbain un métissage10 ». Il poursuit en substance que « les traits essentiels qui résultent de cette consanguinité sont : la fidélité, la piété, le sens de la famille, l'esprit de caste, la constance, l'obstination, l'énergie, la limitation ; la puissance des préjugés, le manque d’objectivité, l'étroitesse d'horizon10 ». De la même façon, Kalergi associe aux personnes métis les préjugés suivants : « les métis allient souvent l’absence de caractère, l’absence d’inhibitions, la faiblesse de la volonté, l’inconstance, l’impiété et l’infidélité avec l’objectivité, la polyvalence, la vivacité spirituelle, l’absence de préjugés et l’ouverture d’horizon »10.
Au-dessus du peuple, il prône la création d'une élite fondée sur un eugénisme11 fait par des unions amoureuses libres (qu'il appelle « lois divines de l'eugénisme érotique ») : « Seule sera libre l’alliance des hommes les plus nobles avec les femmes les plus nobles, et inversement, les personnes de valeur moindre devront se satisfaire de personnes de valeur moindre […] La nouvelle noblesse de reproduction du futur n’émergera donc pas des normes artificielles de la culture de castes humaine, mais plutôt des lois divines de l’eugénisme érotique. Le classement naturel de la perfection humaine remplacera le classement artificiel du féodalisme et du capitalisme. »11.
La noblesse eugénique qu'il imagine s'appuie sur une caste selon lui déjà « purifiée de tous ses éléments faibles en volonté et pauvres en esprit »11. Il affirme : « De l’européenne humanité de quantité, qui ne croit qu’au chiffre, qu’à la masse, se distinguent deux races de qualité : la noblesse de sang et le judaïsme. Séparées l’une de l’autre, chacune demeure fixement rivée à sa croyance en sa plus haute mission, en son meilleur sang, en une différence de rang humaine. Dans ces deux races avantagées hétérogènes réside le noyau de la noblesse européenne du futur. »11
Il encourage la noblesse féodale, de sang, (dont il faisait partie) à devenir une « nouvelle race noble internationale et intersociale de demain » qui reposera « sur la qualité : sur la valeur personnelle, la perfection personnelle ; sur l’accomplissement du corps, de l’âme, de l’esprit ».
Selon lui, « le socialisme, qui a commencé par l’abolition de la noblesse et par le nivellement de l’humanité, culminera dans la production de la noblesse, dans la différentiation de l’humanité » entre un peuple métissé et une élite sélectionnée par eugénisme8, et prédit donc que le communisme n'arrivera pas à atteindre son but d'égalité entre les classes.
Mouvement paneuropéen
Pour diffuser ses idées, il fonde le Mouvement paneuropéen, dont le premier congrès, qui réunit plus de 2 000 participants, a lieu à la Konzerthaus de Vienne du 3 au . Il choisit comme symbole du mouvement la croix rouge des croisades, symbole le plus ancien d’une union européenne supranationale face à un ennemi commun, sur un soleil d’or, le soleil d’Apollon, qui figure l’esprit européen dont le rayonnement a éclairé le monde entier. Ainsi sont réunies les sources grecques et chrétiennes de l’Europe.
Il cherche le soutien du président tchécoslovaque Tomáš Masaryk, qui se dérobe sur l’essentiel[réf. nécessaire]. Coudenhove-Kalergi entreprend donc de lancer le mouvement lui-même. Ainsi, il lance son premier appel à l'unité politique de l'Europe dès 1922, qui est peu entendu. Fasciné par le personnage, malgré son nationalisme affiché, il se tourne alors vers Benito Mussolini, croyant y voir un nouveau Giuseppe Mazzini qui pourrait faire triompher la cause d'une Europe politique.
Son message est perçu dès l'entre-deux-guerres par de nombreux intellectuels (Albert Einstein, Sigmund Freud, Thomas Mann, José Ortega y Gasset, Denis de Rougemont, etc.) ainsi que par un bon nombre de personnalités politiques comme Édouard Herriot, Konrad Adenauer, Robert Schuman, Alcide De Gasperi, Winston Churchill et surtout Aristide Briand, dont le projet d'Union européenne qu'il présente en 1929 devant la Société des Nations à Genève doit en effet beaucoup à Richard Nicklaus de Coudenhove-Kalergi. C'est également Richard Nicklaus de Coudenhove-Kalergi qui a lancé l'idée, en 1923, de réunir la production de charbon et de minerai allemand et français, projet qui se concrétisera en 1951 sous le nom de Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA).
Seconde Guerre mondiale et construction européenne de l'après-guerre
En 1938, l'Anschluss le force à se réfugier en Suisse, d'autant que sa femme est juive et qu'il est haï par Adolf Hitler. De là, il part pour les États-Unis, où il enseigne à l'université de New York. Il y dirige un séminaire de recherches pour la création d’une fédération des États européens qui devient le centre de l’Union Paneuropéenne en exil. Il prend cependant la nationalité française en 1939. La fin de la guerre l'amène à revenir en Suisse, dans un premier temps à Gstaad. Après avoir suggéré en 1947 la création du premier timbre-poste européen, c'est dans cette petite station de sports d'hiver qu'il fonde en 1947 l'Union parlementaire européenne, qui débouche après la tenue du Congrès de l'Europe à La Haye en 1948 sur la création du Conseil de l'Europe, et inspire celle du Parlement européen.
Lors de la création de la CECA et de la Communauté économique européenne, Richard Nicklaus de Coudenhove-Kalergi et Paneurope craignent la naissance d’une Europe des hommes d’affaires, plutôt qu’une Europe de compatriotes. Il se rapproche de Charles de Gaulle après le , afin de faire triompher une conception plus politique de l’Europe unie, et son soutien au Plan Fouchet est sans succès, le plan étant resté lettre morte. Ce rapprochement lui vaut de nombreuses critiques dont celle de « gaullisme » au sein des divers mouvements européens avec lesquels il est parfois en conflit direct. C'est le cas avec le Mouvement européen dont il est président d'honneur de 1952 à 1969, lorsqu'il démissionne de ce mouvement.
L'idée d'un fédéralisme européen en perte de vitesse
De l'entre-deux guerres et jusqu'à la création de la CECA, l'influence de Nicklaus Richard de Coudenhove-Kalergi est grande en Europe. Peu à peu, ses idées européennes à visées fédéralistes le font toutefois passer au second plan. Bien qu'il lutte toute sa vie afin de diffuser ses idées, l'Europe qui se construit sous ses yeux n'est pas celle pour laquelle il milite. Malgré toutes les difficultés rencontrées (manque de soutiens politiques, difficultés financières, tensions internes de l'Union paneuropéenne internationale et avec les sections nationales, particulièrement avec la section allemande), Richard Nicklaus de Coudenhove-Kalergi continue à rédiger des articles, donner des cours et des conférences et correspondre avec de nombreux hommes politiques d'Europe et de la communauté européenne et avec des intellectuels. Jusqu'à sa mort, il continue, depuis la Suisse, à voyager et à défendre et diffuser ses idées.
Reconnaissances internationales
Le , il est le premier lauréat du prix International Charlemagne. Plusieurs fois proposé au Prix Nobel de la Paix, il reçoit aussi d'autres prix, dont le Prix Sonning en 1965, le Prix Charles IV empereur du Saint Empire romain (1966) et, en 1967, le premier Prix de la Paix de la Fondation Kajima de Tokyo ainsi que le Konrad Adenauer Preis 1972 für Politik. À cela, il faut ajouter de nombreuses reconnaissances nationales comme l'obtention de la première classe de l'Ordre du trésor sacré du Japon (1945), de la médaille du Mérite de la République autrichienne (1962), du grade de Commandeur de l'Ordre du mérite de la République italienne (1969), de la Légion d'honneur de la République française (1971), de l'Ordre du mérite de la République fédérale d'Allemagne (1972)12.
Apports symboliques à l'Europe politique
Si son œuvre en faveur de la fédération de l'Europe est grande, il est aussi le premier à proposer, en 1929, d'adopter comme hymne européen l’Ode à la joie, finale du quatrième et dernier mouvement de la 9e Symphonie de Beethoven. Il est de plus l'auteur, en 1930, de la première proposition de célébrer une journée de l'Europe en mai et désire la création d'un drapeau européen et d'un timbre européen.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Coudenhove-Kalergi#%C5%92uvre
1 commentaire:
Les écrits du comte Richard Coudenhove-Kalergi sont suffisamment choquants pour ne pas être exagérés :
- quand il dénigre les "consanguins" des zones rurales qui vivent selon les lois de la Nature
- et quand il parle de races supérieures en désignant deux communautés pourtant consanguines par excellence : les aristocrates européens et les juifs [je suppose qu'il parlait plus spécifiquement des juifs européens, les ashkhénazes].
Quelle prétention (lui-même étant comte donc membre de l'aristocratie) ! Quelle contradiction et quel aveuglement par orgueil !
C'est la raison pour laquelle les "contributeurs" (contrôleurs) mondialistes de Wikipédia ne peuvent s'empêcher d'ajouter un paragraphe pour défendre Coudenhove-Kalergi contre tous ceux qui critiquent son "oeuvre" :
Théorie du complot déformant son œuvre : le Plan Karlergi
Depuis les années 1990, une théorie conspirationniste d'extrême droite déforme l'œuvre de Coudenhove-Kalergi et invoque un Plan Kalergi. Parfois appelée la conspiration Coudenhove-Kalergi, cette théorie du complot génocidaire d'extrême droite, antisémite et blanche prétend que Richard von Coudenhove-Kalergi a concocté un complot pour mélanger les Européens blancs avec d'autres races via l'immigration. Ce métissage forcé serait secrètement facilité par la construction européenne. Cette théorie du complot est le plus souvent associée aux groupes et partis européens, mais elle s'est également propagée à la politique nord-américaine. En 2005, Gerd Honsik, négationniste et militant néonazi autrichien a publié un ouvrage dénonçant ce prétendu plan.
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