Toujours dans ce souci de lancer des passerelles trans-culturelles
et se focaliser sur ce qui nous rassemble et non pas sur ce qui nous
sépare, le plus souvent artificiellement. L’essentiel de ce que nous
percevons comme nous « séparant » n’est que construction, ingénierie
sociale.
La spiritualité humaine est une ; elle est ancrée dans notre
nature profonde universelle. Il est plus que grand temps de nous en
apercevoir et d’agir en conséquence pour le bien commun de tous.
~ Résistance 71 ~
Bouddhisme et anarchie
Extrait de l’essai “Les premières formes d’anarchie” de Horst Stowasser
2007
Traduit de l’anglais par Résistance 71
Décembre 2025
Moins évident est l’esprit libertaire que les experts identifient dans le bouddhisme, ce qui n’est pas surprenant considérant que contrairement au taoïsme, le bouddhisme lui, a donné naissance à une “église” et à un clergé soutenant l’état.
Le bouddhisme est une religion en provenance originellement d’Inde, fondé au VIème siècle AEC par Siddharta Gautama, qui se nomma lui-même Bouddha, c’est à dire “L’éveillé”. Son enseignement assez complexe de la perfection humaine tourne autour de la contradiction entre la possession, vue comme un lien négatif et la découverte de soi, qui culmine dans le plus haut degré de l’éveil appelé le Nirvana. Le Nirvana est le “rien”, “le vide” ou la “libération complète”.
Initialement, le bouddhisme était purement un mouvement éthique et méditatif, qui fut rapidement supprimé en Inde mais qui réussit à s’établir de manière durable au Sri Lanka, en Thaïlande et au Tibet. Dès le départ, il se divise en une branche intéressée par le pouvoir politique, un bouddhisme institutionnalisé appelé Theravada et une autre direction Mahayana, qui continua sur le chemin de l’auto-libération de l’individu au moyen de la quête de la perfection.
A partir du VIème siècle, un développement commença en Chine appelé Ch’an, qui interprète le Bouddha de manière différente, comme étant le premier rebelle, “le briseur de chaînes” qui attachent l’humain dans l’ignorance et la servitude. Ceci représente une véritable hérésie, similaire à celle que nous connaissons dans l’histoire de l’église chrétienne dans l’Europe médiévale. Le Ch’an atteignit le Japon au XIIème siècle et s’y développa en une tradition indépendante : le bouddhisme Zen.
Le Zen n’est ni une église ni une religion soutenant l’État. A la différence des grands monastères de l’Europe médiévale, un monastère Zen n’est pas un centre de pouvoir, de richesse et de connaissance, mais un endroit d’égalité et de pauvreté. Un moine Zen ne se voit en aucun cas comme un médiateur entre un “dieu” et les humains, mais comme une sorte d’enseignant, un rôle-modèle pouvant aider sur le chemin de la connaissance de soi. Le Zen ne reconnait aucune autorité supérieure de vérité que l’intuition de l’individu, au dessus de laquelle pas même Bouddha ne se tient. Plus qu’une secte, c’est un réseau d’expérience tout à fait égalitaire : Le Zen n’a pas d’élite, se moque des figures d’autorité et fait la promotion d’une vie autonome et auto-déterminée. Son but est la libération de l’individu d’une morale, d’une légalité et d’une autorité imposées, le tout en harmonie avec l’environnement. Dans l’ordre naturel des chose, le Zen ne trouve absolument aucune justification pour quelque règle ou autorité que ce soient.
NdT : le concept de “lâcher-prise” que nous employons et illustrons souvent à Résistance 71 est un concept Zen, que nous avons adapté à notre analyse et imagerie politiques…
C’est pour cette raison que le bouddhisme Zen peut recevoir le crédit d’un certain esprit libertaire, à l’instar du taoïsme. Tous deux rejettent la hiérarchie et la domination, tous deux recherchent la libération individuelle par l’auto-connaissance et harmonie totale avec soi-même. Mais, tous deux demeurent silencieux sur la question de savoir si de telles choses sont possibles dans les sociétés modernes en dehors de notre esprit. Comment une société façonnée par de tels idéaux puisse apparaître et perdurer n’est pas leur problème. Là réside une différence fondamentale avec l’anarchisme classique pour qui la liberté n’est pas seulement une affaire individuelle, mais aussi un phénomène social.
Il ne fait pas de doute que l’éthique Zen ou taoïste fournirait un terrain plus fertile pour une société anarchiste que disons, le catholicisme ou l’islam. Cependant, tout aussi certainement, les concepts religieux comme ceux du bouddhisme basés sur une croyance en la réincarnation et dans laquelle le poids du karma pèse comme une montagne du passé sur le présent, introduisent de nouvelles chaînes. La liberté sociale et spirituelle y trouve aussi ses limites. Soit le monde et aussi les humains sont déterminés, et une véritable liberté n’existe pas, ou ils ne le sont pas, auquel cas le karma n’existe pas.
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Lectures complémentaires :
Textes et analyses vers une société des sociétés spirituelles (Résistance 71)










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